"Léon l'Africain" d'Amin Maalouf – Jean-Claude Lattès, 1986 - (Café littéraire du 4 mai 2011)
Dix participants, dont trois nouvelles lectrices à qui nous souhaitons la bienvenue.
Toutes et tous étaient sous le charme de ce merveilleux conteur qu'est Amin Maalouf, malgré quelques diversités d'appréciation sur son style jugé parfois un peu scolaire, et quelques réticences sur le personnage de Léon qui semble "irréél" tant il se calfeutre dans une certaine indifférence vis à vis des nombreuses péripéties de sa riche existence, est toujours "là où il faut" et s'en sort toujours à son avantage.
Léon de Médicis, né à Grenade à la veille des bouleversements de 1492, "circoncis de la main d'un barbier et baptisé de la main d'un pape", voyageur et conteur amoureux de la vie, tour à tour diplomate et esclave, musulman et filleul du pape, symbolise la Méditerranée éternelle. Sa nostalgie de la civilisation arabo-andalouse où les trois religions monothéistes coexistaient pacifiquement exprime la tristesse d'Amin Maalouf vis à vis des guerres du Liban (période de l'écriture de son roman) et son combat contre toute forme d'intolérance, de xénophobie, de racisme et d'exaspération de "l'identité nationale".
Ses nombreuses femmes d'ethnies, de culture et de religion différentes, les familles recomposées sous toutes les formes, le foisonnement de personnages de toutes origines sociales et de toutes moralités, escrocs sympathiques et religieux austères, petites gens et puissants, composent un roman d'aventures plein de parfums et de saveurs, quelque part entre les 1001 Nuits et Alexandre Dumas. Ajoutons une bonne dose d'humour et un vrai souci de précision historique, et nous avons envie de découvrir l'ensemble de l'oeuvre d'Amin Maalouf, président du jury du Livre Inter 2011 dont nous envions les membres !
Laissons-lui la conclusion : "En cette fin de siècle si trouble, où tant de nos contemporains jugent bon de clamer haut leurs appartenances nationale, religieuse, ethnique, communautaire, en un mot comme en mille : tribale, il n'est sans doute pas superflu de redécouvrir ces êtres qui furent chacun un lieu de rencontre entre plusieurs cultures, plusieurs croyances. Leur aventure est celle de notre fragile liberté." (Introduction à la réédition 1992 de "Léon l'Africain", "Samarcande" et "Les Jardins de Lumière").