« Le Choix de Sophie » de William Styron (1979) - (café littéraire du 30 juin 2010)
Peu d'entre nous étaient arrivés au bout de ce pavé de 920 pages, d'autant plus que le style parfois pompeux, les nombreuses répétitions et la récurrence des principaux thèmes alourdissent une écriture qualifiée par ailleurs de "cinématographique" (ellipses, flash-backs) - " Le Choix de Sophie" a été adapté au cinéma par Alan J.Pakula (avec Meryl Streep dans le rôle-titre).
Difficile de résumer nos impressions de lecture, tant ce roman aborde la problématique du mal sous toutes ses formes : les camps de concentration, horreur absolue; le racisme, l'esclavage et les discriminations en particulier aux USA (nordistes/sudistes, blancs/noirs), mais aussi en Europe (antisémitisme, mépris des Polonais); la drogue, l'alcool, le sexe mal vécu, les frustrations, la culpabilité, etc. Et Nathan, l'amant de Sophie, à la fois son sauveur et son bourreau, sorte de Dr Jekyll et Mr Hyde, incarne le pire et le meilleur dont l'humain est capable.
L'auteur se plait à brouiller les cartes et à faire jouer ses personnages à contre-rôle : Nathan, juif qui n'a pas vécu les camps, reproche à Sophie, non juive mais internée à Birkenau suite à une série de malheureux hasards, d'en être sortie vivante; le père de Sophie est un idéologue de l'anti-sémitisme le plus virulent, etc.
On sort de cette lecture accablé par tant de souffrances imposées aux hommes par d'autres hommes, incapable de s'identifier à l'un des personnages, pas même à Sophie qui semble porter à elle seule toute la douleur du monde. Et il faut attendre la page 866 pour comprendre en quoi consiste son fameux "'choix", désigner lequel de ses deux enfants elle envoie au crématoire dans l'espoir illusoire de sauver l'autre.
Ce XXème siècle a décidément inspiré des oeuvres bien noires !